Nijuman no borei

 

Le dôme de Genbaku, vous connaissez ? Le 6 août 1945, il prit l'équivalent de 12 500 tonnes de TNT sur la tête. Aujourd’hui il se tient debout, fier comme un samouraï.

Jean-Gabriel Périot est un cinéaste dans la même veine que Chris Marker ou Alain Resnais. Il se sert des images pour interroger, dénoncer, militer. Avec près de 30 (!) courts métrages à son actif et un long métrage qui sort tout juste au cinéma (Une jeunesse allemande), Jean-Gabriel Périot s’est fait maître dans l’utilisation d’images d’archives. Dans ses films, pas de voix off omniprésente mais des images fortes. Au spectateur de se faire son opinion sur ce qui est montré

« Avec mes courts-métrages – en particulier Dies Irae (2005) qui finit à Auschwitz, Eût-elle été criminelle… (2006) sur les femmes tondues à la fin de la Seconde Guerre mondiale, 200 000 fantômes (2007) sur Hiroshima, L’Art délicat de la matraque (2009) sur les violences policières – j’ai toujours interrogé les phénomènes de violences. »
Jean-Gabriel Périot pour Culturopoing

C’est bien de violence dont il est question dans 200 000 fantômes dont le titre rappelle le triste bilan de la première bombe atomique lancée sur Hiroshima. 70 000 personnes mortes sur le coup, 130 000 dans les années qui suivirent.

Mais nulle mention n’est faite de ces morts dans les images du film. Seul reste ce dôme, impassible, souvenir de ce qu’était Hiroshima et de ce que ses habitants ont vécu. L’urbanisme devient alors le théâtre d’une mémoire vivante. La succession de photos redonne vie à ce lieu et à la ville dans son ensemble. De la mémoire à l’oubli, le cinéma ajoute la dimension de temps qui fait cruellement défaut à la photo.

 

Vincent Choukroun
Shoco
octobre 2016
www.shoco.fr/court-metrage?vn=NIJUMAN-NO-BOREI-200000-FANToMES)